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La boîte à musique
04/03/2008 16:36
J'ai transferé dernièrement les musiques de mon pc vers mon ordinateur portable. J'ai découvert un dossier avec plein de musique en vrac que je me suis amusée à trier. C'est étrange ... j'ai revécu énormément de choses à travers certaines sans me rappeller vraiment à quel point je les avais adoré à un moment donné.
Parmis elle, "Je suis" de Aqme.
J'essaie de voir la vie en rose Mais en voile la recouvre Les pensées sombres que l'avenir m'impose Me font espérer qu'après la nuit Le jour se lève enfin Je sais qu'il est temps pour moi d'apprécier la joie D'oublier les maux, de dire les mots Pour voir maintenant la lumière
Je suis celui qui peint la nuit en sombre Celui qui voit tous les jours la pénombre Je suis celui... qui a été
Mais peut-être trop sensible pour oublier Vous ne savez pas ce que me coûte un sourire J'entends, je vois, je sens le mal Mais peut-être est-ce le monde qui m'entoure ?
Je suis celui qui peint la nuit en sombre Celui qui voit tous les jours la pénombre Je suis celui... qui a été
Je me hais encore plus que vous me haïssez !
Je me rappelle la faire écouter à une de mes meilleures amies. La seule qui voulait bien laisser tomber les autres pour rester un peu avec moi, dans mon coin, dans un couloir ou dans la cour. J'ai beaucoup de souvenirs avec elle. Je ne l'ai jamais vraiment remercié de tout ce qu'elle a fait pour moi mais j'espère qu'elle le sait.
La dernière phrase avait toujours une résonnance particulière. Je sais que tout le monde est ammené un jour ou l'autre à se détester. A détester le monde etc. C'était sans doute ma période. Mais que quelqu'un le hurle à ma place, ça me faisait énormément de bien de l'écouter hurler en boucle ce bout de phrase infime.
La musique adoucit les moeurs ... pendant un temps ce fut vrai ...
Les principales autres que j'aimais écouter aussi :
Atwa, System of a Down Waiting for my girl, System of a Down Chop Suey, System of a Down Toxicity, System of a Down Broken, Amy Lee et Seether Colorblind, Counting Crows Crawling, Linkin Park December, Linkin Park With you, Linkin Park Walking on Clouds, DJ Tiesto Esprit, Matthieu Mendès Ma poussière adorée, Matthieu Mendès Obsession, Matthieu Mendès Toi encore, Matthieu Mendès Breathe no more, Evanescence Missing, Evanescence Fuushun, Hari Kunihiko Iris (Acoustic), Goo Goo Dolls Never There, Hoobastank Disappear, Hoobastank Reason, Hoobastank Unaffected, Hoobastank What appened to us, Hoobastank Inner Universe, Ghost In The Shell TV La vie est laide, Jean Leloup Within Me, Lacuna Coil Lyset, Leaves' Eyes Mad World, Michael Andrews et Gary Jules Mokure kyousei, Ryou Kunihiko Mômong, Feng Shui Amor Tistis, Ah my goddess film Morgan, Ah my goddess film Smoke, Natalie Imbruglia Obokuri eeumi, Ikue Asazaki Ordinary life, Kristen Barry Modaddiction, Pleymo Salva nos, Noir OST Setting Sun, Full Metal Alchemist OST Promise, Akira Yamaoka (Silent Hill 2) Room of Angel, Akira Yamaoka (Silent Hill 4) Street spirit, Radiohead Tes mots me manquent, Aqme The sunset of emon, Jang et Sung-Woon All I've got, The Used This love, Craig Armstrong et Elizabeth Fraser Try to wish, Ah my goddess OST Sunday Bloody Sunday, U2 Sadame, X de Clamp Mary, Yann Tiersen Yasougetsuna, Hari Kunihiko Parle Moi De Lui, Zina & L'Emeute
Pour la dernière, merci à ma cousine de me l'avoir fait découvert, en fait c'est sûrement l'une des rares que j'aime écouter concernant le rap&rnb.
Commentaire de camille (24/04/2008 01:25) :
"Je me hais encore plus que vous me haïssez !"
ça me fait penser à une chanson d'eths:
"Je pourris, pour ça je vous hais. Tombe ne fleurit. Je vous hais, pour ça
je tuerais."
sinon dans les autres d'excellentes chansons...
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Commentaire de Aud* (25/04/2008 13:09) :
Le groupe de Eths a de beaux textes ... Même si je ne connais pas, le peu
que j'ai lu j'ai adoré ... bisous !
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Se scarifier.
19/01/2008 16:39
On peut ne pas comprendre.
Pour ma part, je sais que ce qu'on pouvait me dire, je n'en avais rien à faire. Ou presque.
« C'est la preuve que t'es faible ! »
« Si tu recommences, c'est plus la peine, je ne te parlerais plus »
Tu souris. Ils ne comprennent pas. Tu as un peu peur d'être seule, alors tu leur promets que tu ne le feras plus. Ou tu prétextes « je sais pas ce qui m'a prit », « j'ai pas eu conscience de ce que je faisais » et dans le pire des cas, tu avoues : « mais je me sentais pas bien, j'avais besoin de le faire ! ».
Et toujours cette phrase, à moitié vraie, à moitié fausse : « je suis désolée ».
Parfois les regrets sincères. Parfois un peu de rancune.
« Pourquoi ils ne comprennent pas ? A moi, ça m'a fait du bien ... »
Quand on pense être au fond, qu'en a-t-on à faire d'être faible ? On l'est. On ne se l'avoue pas, mais c'est une évidence. Parfois même, on se sent plus fort, parce que personne autour de nous ne le fais. Personne ne souffre comme nous. On se sent unique. Et parfois même plus fort d'oser.
Je me rappelle maintenant.
Le sentiment d'avoir envie de me vider. De vomir ce trop plein de vie. De me dire : tu seras plus belle, tu seras plus belle ! De voir mes os saillants ...
De me trancher la peau.
Mais voilà, d'avoir peur aussi. De ne plus se sentir capable de continuer. De ne plus avoir envie de vivre cette guerre.
Je n'ai plus envie. Le vide. Les larmes. La fatigue. Le désespoir. La mort ...
Se la souhaiter.
La supplier.
Se lacerer les bras en sachant que ça ne suffit pas. C'est marrant ... sur le coup tu ne sens rien ... alors tu tranches, tu repasses dessus, tu fais des croix ... avec un cuter, on dirait que tu as des milliers d'aiguilles dans la peau ... cela t'a demandé de la haine, et une certaine force que tu puises en toi sans savoir qu'elle n'est jamais tarrie. Vide, larmes aux joues, larmes de colère, de haine, de tristesse, de rancoeur, de dégoût ... la douleur. Enfin.
Cela te démange, te brûle ... saigne un peu. Tu admires. Que c'est apaisant ! Voir ton mal extériorisé, voir ton mal intérieur. Le voir !
C'était ça l'important. Puis les plaies refermées, tu passes un long doigt blanchâtre et décharné sur des marques fines et brunes ... et quand la haine, la douleur, ou tout autre sentiment dépressiable te prend, tu repasses par dessus une lame droite et froide. Tu ne t'arrêtes plus.
C'est un peu comme une drogue. C'est un peu vouloir que ça se voit. C'est un peu se dire : « vois comme tu souffres ! Voyez tous comme je souffre ! ». Mais vu qu'on le sait, on y pense pas vraiment. Tout ce qu'on sait c'est que ça fait du bien. C'est une sorte d'échapatoire. Et puis on a un peu honte. Enfin pour ma part, j'avais honte. Je ne voulais pas les montrer à certaines personnes, parce que je ne voulais pas leur faire du mal. Je savais bien que c'était une erreur. Mais quelqu'un avait-il un autre remède ?
Quand plus personne au fond ne veut vous écouter, parce que votre folie approche leur esprit d'un peu trop près, quand sans cesse les personnes concernés mentent et montent une image innocente et parfaite contre vous, qu'ils trouvent toujours le moyen de vous faire culpabiliser, qu'ils disent toujours dans votre dos ce que d'autres entendent et vous répètent ensuite. Dans ces cas là, y'a plus qu'à se pendre. C'est un cercle vicieux. Mêlé de manipulation, de mensonges ... une volonté de vouloir vous ignorer jusqu'au bout, de vous faire vous sentir totalement inexistante. Ou au contraire vous adresser des paroles ou des regards qui disent d'une façon déroutante qu'ils pensent n'avoir rien à vous dire, n'avoir rien à se reprocher, n'avoir rien à voir avec toute cette histoire.
Alors qu'au fond ... ils savent bien ... et d'ailleurs même tout le monde sait. Mais personne ne dit rien. Personne n'ose y mettre son nez, ou alors prennent partie pour ceux qui apparemment sont heureux. Ils ne prennent pas la tête, eux !
Et les seuls qui veulent encore s'approcher de toi sont les premiers à recevoir critiques, jugements, insultes, coups bas, moqueries ... qui voudrait souffrir pour pouvoir approcher la bête noire ?
Très peu. Pratiquement personne. Et même quand tu vois ce que les autres doivent subir pour te cotoyer ... tu renonces. Tu te détournes d'eux. Tu ne veux faire souffrir personne hormis ceux qui t'ont plongé dans cet état et s'en foutent littéralement que tu existes encore ou pas. Tu te refermes sur toi-même, tu ne sais plus à qui faire confiance. Tu ne sais plus qui parle dans ton dos. Tu ne sais plus à qui tu peux te confier car tu les entends plus loin répéter tes anciennes paroles et s'en moquer. Te tourner au ridicule.
Alors au fond se scarifier était pour moi une manière de penser à autre chose. Ou de marquer les jours d'une cicatrice.
Commentaire de lunastrelle (19/01/2008 18:00) :
Ils se moquaient de ça parce que tu avais peur...
C'est bête à dire mais c'est vrai...
Il fallait bien qu'ils se trouvent une victime, ils s'ennuient
sinon...
*Rien d'autre à dire sur le sujet*
Si j'avais pas laissé quelques plumes dans cette histoire en me
battant à tes côtés, j'aurai regretté toute ma vie de ne pas avoir
ouvert les yeux sur eux...
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Commentaire de Aud* (19/01/2008 18:44) :
C'est une histoire passée, mais je ne comprends toujours pas pourquoi
cette méchanceté. Ma fois tant pis, aujourd'hui je ne sais pas
s'ils ont tiré plus de leçons que moi sur cette histoire.
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Commentaire de dark angel (23/01/2008 23:43) :
j'ai lu ton journal en entier (enfin ckil y a écrit sur cette page),
je ne sais pas si tu vas me reconnaitre, enfin j'éspère ke non, bref,
ce ke je voulais dire c ke j'admire ce ke tu es, tu es une personne
bien , je te connais plus ke tu crois, je suis passée par tout ça moi ossi,
et je ne m'en suis pas encore sortie, la seule difference c ke je vis
dans un pays arabe, et les gens ne se comportent pas ici comme ils se
comportent chez vs, ils sont plus compréhensibles, y a pas de clan, les
gens populaires, les moins, les ringards...et toutes ces differences ki ne
veulent rien dire!! les chagrins ici ça se respectent et tt le monde
essaie d'aider, enfin je voulais te dire ke c un passage, en klk sorte
obligatoire, y a cx ki resistent et continuent à se battre, et cx ki
baissent les bras, comme moi cette nuit, je decide de kitter ce monde, vers
une vie pas surement meilleure, mais differente...
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Commentaire de Aud* (25/01/2008 03:02) :
Si, je me souviens de toi, Dark Angel. Je suis même surprise de te voir
passer ici, et ça me fait très plaisir et en même temps je ne sais pas
réellement quoi te répondre. J'ai perdu pour un temps
l'allégresse de mes mots-mouchoirs, ceux que j'adressais pour
consoler et encourager, mais sache que j'espère que tu te relèveras.
On est fort après tout. Et puis demain tourne la page d'hier. Tu peux
y écrire ce que tu veux. Rien n'entâchera demain si au fond de toi tu
veux vivre le meilleur. Gros bisous miss.
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Commentaire de Pierre (21/02/2008 21:20) :
Tu as su te relever, peut-être traînes-tu encore un peu derrière toi les
chaînes qu'on t'a passées autour du cou et des bras. Ces
chaînes-là ne venaient pas de toi, elles t'ont frappée beaucoup plus
fort qu'un autre puisque tu n'étais pas en phase avec ce monde,
aujourd'hui tu es, simplement, tu es toi et les autres ne sont que
semblables ... Ta différence était ta fragilité, aujourd'hui
c'est plus que ça ... Garde la tête levée, tu pourras voir ailleurs.
Garde les yeux ouverts, tu pourras te découvrir pleinement ...
Amicalement, Pierre.
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Commentaire de Aud* (22/02/2008 13:26) :
De belles paroles Pierre ... merci beaucoup pour ton passage ici. Je
t'embrasse fort et te remercie pour ton amitié.
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Mémoire
18/01/2008 23:06
Je me rappelle un jour être montée sur la balance. 63 kg ... une semaine après 65 kg ... je commençais à m'inquiéter. Ma mère me donnait alors une photo de moi, récente.
Pendant qu'elle souriait et rigolait, moi, je demeurais choquée. Horrifiée. « C'est pas possible ... »
Le lendemain matin : 66 kg.
Audrey, 16 ans, 1m73 et 66 kg.
Stop.
Problèmes amoureux. On loupe un repas, et on le crie bien fort ... (un appel à l'aide)
On s'inquiète, tu rigoles ... Au fond, ça te rassure. Quelqu'un tient à toi, c'est ce que tu voulais entendre. Le soir, tu manges un peu plus pour combler le déficit et la faim du midi.
Le lendemain ... (que croyais-tu ?)
66 kg.
Aucun changement de poids. Alors ça amuse forcément. On recommence une journée.
66,5 kg.
Horreur. « Comment c'est possible ? »
Rebelotte, et le soir, on se prive aussi ... y'a pas de raison. Après un mois, la balance pointe.
65 kg.
Tu es contente, mais ton petit jeu l'agace. Les agace. Problèmes, conflits. A nouveau les 66 kg. Il ne peux plus attendre ta décision. Il ne veut plus attendre. Il te laisse. Et puis c'est au tour de tes amis de te briser le coeur.
Dépression, confusion, haine ... enfer quotidien. Entre crises de larmes, lacération, absorption de médicaments, tu manges peu, la nourriture te dégoûte. Et au final, tu t'arrêtes de manger, tu avales un semblant de repas pour tenir le coup et rassurer tout le monde.
Tu n'éprouves plus la faim ... juste la soif de la haine. Des envies de vengeances te traversent l'esprit alors qu'au final tout ce dont tu aurais besoin c'est qu'il t'accorde un regard bienveillant. Simplement qu'il s'excuse. Simplement, ne plus jamais les voir.
Tu fais des cauchemards chaque fois que tu dors, où tu te vois assassiner à mains nues, ou avec des armes, de tes plus proches amis, des membres de ta famille ... des meurtres, des scènes de tortures, les camps d'exterminations ... Tu te soules à la musique, gribouiller, écrire ou lire pendant tes nuits. Pour ne pas avoir ces visions d'horreur. Ces visions qui te font ouvrir les yeux brusquement, et te font te sentir comme un cadavre, comme une coquille vide, un cimetierre, un cerceuil vide.
La fatigue.
Elle te pèse.
Tu montes, matin, après-midi et soir sur la balance. Parfois plus. Tu te ronges les sangs, établissant toi même tes propres diagnostiques. Entre toi et toi c'est la guerre. La guerre pour la paix et la liberté de ton esprit. De ton âme. La libérer de cette machine, de cette prison qui te sert de corps. Des envies de mort, de suicide. On écrit des lettres d'adieu. On arrive presque plus à pleurer tellement on l'a déjà fait. Et mouvoir son visage est douleur. La peau tire. Les os. Les nerfs fatigués. Les tremblements incontrôlables.
On ne mange pas pendant 4 jours. On s'empêche de dormir pendant une nuit. Le lendemain on adresse un regard à sa soeur qui sort de la salle de bains, juste un « salut » quand elle s'en va. On prend la boîte. On se répète le nombre mentalement : 40 somnifères. On la fourre dans sa poche avec les lettres. On se dit : « aujourd'hui c'est le grand jour ».
On pique un couteau. On prend ses cutters. Il faut partir.
Sur le chemin, on tourne et retourne la petite boîte dans sa poche. Il se met à pleuvoir. Et au final ... on se rend compte que le ciel n'a pas l'air aussi moche que d'habitude. Qu'il y a quelque chose d'autre. On arrive au lycée. On croise plusieurs personnes qui t'ignorent comme d'habitude. On croise sa meilleur amie, elle ne va pas bien. Elle se plaint du temps, qu'elle est un peu déprimée. Tu lui dis quelques mots pour la réconforter, et elle part avec un sourire timide. Un signe de main pour se dire « à plus tard » et déjà ... tu te rends compte que le monde bouge autour de toi. Que les gens sont simplement occupés, mais que derrière ils peuvent être mal eux aussi. Que ce ne sont pas de simples coquilles vides. Qu'ils pensent et savent souffrir. Qu'ils sont beaux et surtout vivants.
Tu te tournes et vois un autre de tes amis qui s'affaire à son casier. Les quelques mètres qui vous séparent sont si longs à franchir. « Ma ninite ! » C'est comme ça qu'ils t'appellent.
Lui non plus il ne va pas très bien. Il te parle un peu du mauvais temps. Il te raconte ce qui lui est arrivé la veille. Tu le consoles. Lui aussi, il est seul. La sonnerie. Il t'adresse un sourire et te dit qu'il a été content de te voir. « Heureusement que t'es là ... »
Il s'en va.
Et toi tu restes là. Tu commences à pleurer un peu en te disant : « pourquoi aujourd'hui ? ». Et il y a une autre voix qui te dit : « tu l'as décidé, tout est prêt, tu peux pas faire ça. Tiens toi à ce qui est prévu ». Morose, tu rejoinds la classe ... le monde redevient fade, morne.
Tu n'écoutes pas ce que la prof raconte. Tu te bagarres intérieurement. Le faire ? Renoncer ? Reporter ? Sans comprendre réellement tu demandes à ton voisin : « oui ou non ? ». Sans trop comprendre, il te répond par l'affirmative. Tu réfléchis ...
Tes amis.
Mais il le faut quand même ...
Plutôt que d'avaler toute la boîte, tu décides d'en prendre une moindre dose. Pour ne pas être lâche. Tu repenses à ce qui t'a ammené à ça. Il faut le faire comprendre. A toi même. Aux autres. Stop.
« 3 ou 7 ? »
Il te demande pourquoi. Tu reposes ta question.
« 3 »
Tu glisses la main dans ta poche, te penches sur ton sac, prend trois petits cachets. La sonnerie.
Tu glisses dans ta bouche, avale péniblement. Incognito.
Cours d'anglais, étude de film. A côté de la seule fille qui ose encore écouter ce que tu ressens, ce que tu fais, tu ne comprends plus rien. Le professeur a l'air de parler une langue totalement inexistante, ta copine te parle, mais tu ne comprends pas plus. Tu lui demandes de répéter. Le noir qui arrive, tu sens que tu tombes. Tu te retiens, ouvres les yeux, te force à rester éveillée. Elle te pose des questions, tu lui racontes tout. Elle veut t'emmener à l'infirmerie, tu dis non.
Ces derniers temps, tu y vas pratiquement toutes les 2h pour y rester parfois l'après-midi pour pleurer, te reposer ... ou réclamer des médicaments pour des maux que tu n'as pas.
Tu trembles comme une feuille sans pouvoir t'en empêcher. Le prof te regarde, même si tu vois flou, tu le vois regarder vers toi. Alors tu fais semblant de bouger, de chercher quelque chose dans ton sac pour dissiper son attention.
Tu ne veux plus recommencer. Faire cette erreur. Heureusement que tu en as pris 3 Audrey. Et pas les quarantes. En rentrant chez toi, au milieu de l'après-midi, tu trouves le couteau et le cutter restés dans ton sac sans que tu y penses vraiment. Tu laves et ranges le couteau, tu prends le cutter. Punition. « Lâche ... » que tu te répètes en pleurant, en ayant honte.
Quand tu manges, tu vérifies le taux de graisse, de sucre ... tu privilégies l'alégé. Au bout de quelques temps, tu trouves cette obsession trop dérangeante ... pour les autres. Des disputes. Des remors. Seule.
Tout s'est passé tellement vite ! Il t'a semblé devenir folle pendant ce temps. Cet enfer mental se résumait à 5 ou 6 semaines de déchéance, de mort, et le reste des 3 mois qui suivirent était une guerre pour y rester.
Mais cela représentait une certaine victoire pour toi.
Les premières et dernières semaines ont été les plus difficiles. Audrey, 16 ans, 1m73, 66 kg n'existait plus. Il te paraissait normal, voire même encore vulgaire, d'être encore Audrey, 16 ans, 1m73 pour 44 kg.
Cette maigreur. Ces cadavres dans les camps de concentration, morts en dévorant leur pansement de papier sur un lit d'infirmerie, les yeux ouverts, vides ... ces mêmes morts que l'on jetait dans une fosse, et que l'on promenait d'un endroit à un autre comme de vieux pantins en bois désarticulés ... Ces visions d'horreur te hantaient jour et nuit. Ils étaient morts avec 39 kg.
Et 39 kg fut le nouvel objectif. Tu t'en sentais capable. Après tout, 44 kg c'est pas si loin. Mais ... en fait ces personnes mortes ... elles n'étaient pas vides.
Vivre dans le manque, l'absence des autres, l'absence de soi, la vie et la non-vie, la mort, la fin de tout : la seule perfection de ce monde ... « vraiment ? »
Sursaut de conscience. « Comment j'en suis arrivée là ? ... »
En l'espace de pratiquement 2 mois, c'était 22 kg de perdu.
Pour la paix ? La liberté ? Non.
22 kg. C'est tout.
Tu te rends enfin compte. Chaque fois que tu portais les mains sur ta peau. Les os. Le vide. Les creux. Les larmes. C'était ça l'enfer. C'était ça la véritable perte. Ce n'était pas lui. Ni eux. Tu te perdais toi-même. Autodestruction.
Au final, c'était montrer extérieurement ce qui était intérieurement. Le vide qui ronge, qui détruit, laisse l'être tout entier en lambeaux.
Questionnaire de santé, médecin ... prise de sang. Carrences.
On s'informe, on cherche les causes, on te parle de l'anorexie ... « non c'est pas ça ... »
Toi tu ne vomissais pas. Tu en avais juste envie, mais tu ne le faisait pas. Et pourtant, l'anorexie mentale, elle te montrait du doigt depuis longtemps.
On voudrait te revoir à 64 kg. Tu tombes des nues. « Quoi ? »
Malgré toi, ton poids remonte. Et tu te sens bien mieux.
48 kg.
49 kg.
50 kg.
On remonte doucement. Mais ça sera ta limite. Ni plus, ni moins. Tu recommences à manger de plus en plus normalement, et fais une petite cure de thé et de soupe pour perdre un kilo et revenir à 50.
Le 14 Avril 2007, 54 kg. La limite est plus que franchise. On essaye de se faire vomir, mais c'est trop tard. L'enfer recommence et puis ... au final ... on écoute sa meilleure amie. Elle ne te mens pas. Elle ne t'a jamais trahie.
Au final, après maintes recherches, on trouve la cause à tout ça. C'est expliqué noir sur blanc par un psychologue, un spécialiste. C'est ça.
On sait. On tourne la page.
Commentaire de lunastrelle (19/01/2008 10:39) :
Je me souviens des lettres que tu m'écrivais, et surtout de celle
là... Où tu m'avais expliqué l'histoire des somnifères... Je me
souviens qu'après quand on s'est vues, tu essayais d'en
rire, mais moi je m'inquiétais... Et je crois bien que je t'ai
engueulée... Tu sais il ne faut pas oublier que la période première et
terminale, je me plaignais pour un rien... Aujourd'hui je m'en
sens coupable... Alors que toi (et j'en étais consciente),
c'était plus grave... Je me sentais inutile, je me disais dans ma tête
que j'étais incapable d'aider quelqu'un, y compris toi...
Je me souviens aussi du jour où je t'ai ramassée dans les escaliers de
"la rue" du lycée, je devais aller en histoire européenne d'espagnol.
Tu m'as appelée, du bas des marches, j'étais avec H*. Et je suis
descendue, et tu t'es écroulée dans mes bras... C'était en
février, le 23 ou le 14. Un ressort à ce moment là s'est brisé en toi,
et c'était après que l'autre ait voulu rompre (après être
"revenu" pour repartir 3 mois après...).
L'anorexie mentale est pire que la physique: elle reste toute ta vie,
même si tu la vaincs un jour... Des réminiscences restent, et là tu
n'as pas affronté... Enfin tu n'en est qu'au début, de ton
combat... L'automutilation, c'était pour te punir d'être
grosse, d'être là... Tu ne t'acceptais pas, tu te trouvais
sale... Et aujourd'hui, ça commence lentement à changer... Je suis là
si tu as besoin, jamais je ne trahirai une amitié, surtout pas la nôtre...
J'ai trop connu la trahison moi même pour la faire subir aux autres,
et j'aimerai pas qu'on me le fasse de nouveau, même si
malheureusement ça arrivera encore...
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Commentaire de Aud* (19/01/2008 15:45) :
*Les larmes aux yeux* ... je m'en rappelle de ce jour là. Ma
niniiiiiiite sniff !! Je vais essayer de pas pleurer, mais ton message ici
est pour moi une preuve de plus de notre grande amitié. Je t'aime très
fort ma ninite !!! Même si y restera toujours des traces, ce n'est pas
grave. Je pense que je vais aller de mieux en mieux. Grâce à toi aussi
beaucoup. Je t'embrasse fort fort fort !
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Commentaire de Pierre (21/02/2008 17:10) :
Entrer en douleurs par la petite porte de ton intimité, de ton passé ...
J'ai hésité à répondre, comme une impression de violer ton integrité,
mais finalement c'est stupide de penser ça, non ?
...
Mince !
Ton texte, ton histoire m'ont rongé les artères, enfin j'ai déjà
du te le dire quelque part, essaie d'être heureuse, insouciante en
réalité, cohérente pour tes rêves, sois égoïste, ce sera ta plus belle
générosité ...
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Commentaire de Aud* (22/02/2008 12:49) :
Ne t'en fais pas Pierre. Si j'ai écris ça c'est parce que
quelque part je ne dois pas garder ça pour moi. C'est aussi d'un
certain côté montrer qu'on peut s'en sortir. Aujourd'hui je
fais encore attention à ce que je mange, pas de graisses superficielles etc
... juste le strict minimum et nécessaire. Mais j'avais besoin
d'écrire ça. D'en parler. J'ai trouvé la raison exacte ...
les raisons exactes ... pour lesquelles j'ai plongé là dedans et suis
encore susceptible d'y tomber. Je ne peux pas trop en parler,
c'est beaucoup trop personnel, mais d'un certain côté, écrire ça
c'est une manière de s'exorciser et d'éviter d'y
replonger. Comme un engagement. En tout cas je te remercie pour ta
gentillesse. Gros bisous et prends soin de toi !
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Commentaire de yololu (13/03/2008 23:50) :
bonsoir je suis arrive par hasard et je m'arrete pour lire ton
histoire ta vie
j'espere de tout coeur que tu va sortir de cette anorexie et de la
spiral ou tu es
je suis sur que tu va y arrive deja je pense que tu as bien la tete sur les
epaule car tu reflechie beaucoup et tant mieu tu sais tu sortira plus forte
de cette bataille j'en suis convaincue et tu retrouvera la joie de
vivre etc j'espere ne pas t'avoir deranger et je reveindrai te
voir
amicalment
http://www.yololu.vip-blog.com
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Commentaire de Aud* (14/03/2008 19:02) :
Yololu, je te remercie de tout coeur pour ton soutient et ta gentillesse.
Je pense savoir exactement pourquoi je suis tombée dedans, et
aujourd'hui je dois dire qu'avec le recul ça va de mieux en
mieux. Si j'ai fais ce blog c'est pour m'aider à décharger
le plus de choses possibles. Ma fois, je te remercie encore d'être
passé ici et d'avoir pris le temps de me lire.
Amicalement, Aud.
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Descente aux enfers
18/01/2008 22:33
Petit récapitulatif d'une période pas très glorieuse.
Commentaire de Aud* (08/05/2008 20:45) :
Bonne continuation à toi Julien ... merci ^^
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Souvenirs Anorexiques
18/01/2008 22:19
Je me rappelle.
Le soir.
« Non maman, j'ai déjà mangé avec mes amis, j'ai vraiment plus faim, on s'est mangé du pain et des paquets de chips tout l'après-midi. Je préfère me laver et me coucher ... »
Le lendemain matin.
« T'as mangé hier ? »
« Oui, des escalopes à la crème avec des légumes »
Le midi.
« Allô maman ? Oui je mange avec mes copines à midi, je rentre pas. On va aller s'acheter des sandwish ... ok merci, bisous ! »
L'après midi.
« Alors t'as mangé chez toi ? »
« Oui »
« T'as mangé quoi ? »
« De la dinde avec des légumes ... »
Le soir.
« Pff ... maman, j'ai vraiment pas faim du tout ... je me sens pas très bien, je préfère aller me coucher. »
Le lendemain matin.
« T'as mangé au moins ? »
« Oui, de la dinde avec des légumes et de la crème »
Le midi.
« Merci merci merci ! »
« C'est tout ? »
« Je suis un peu grosse, j'aimerais bien faire un petit régime ... »
L'après-midi.
« Et toi c'était bon ? »
« Ouais ... »
« T'as mangé quoi ? »
« Une cuillère à soupe de salade de coquillettes »
« Et hier soir ? »
« Des escalopes de dinde à la crème avec des légumes »
Mentir, c'est un jeu d'enfant. Mais ça ne marche pas indéfiniment.
« T'as mangé ? »
« Des escalopes de dinde avec des haricots »
« T'es sûre ? »
« Ben oui pourquoi ? »
« C'est bizarre, tu me réponds tout le temps ça ... »
Elle avait compris le manège. Ma mère non. Ou peut-être ne voulait-elle pas le voir. Je maigrissais à vue d'oeil. Ma mère ou ma soeur me voyait parfois me peser sur la balance. Mais en réalité, c'était 2 ou 3, parfois 5 ou 7 fois par jour que je montais sur cette machine. L'aiguille pointait. Elle ne pouvait pas me mentir. Et moi non plus. On a confiance, après tout, on a jeûné. Mais il y a la peur. La peur que rien ne change. Que l'aiguille ne bouge pas, et qu'elle pointe inexorablement un chiffre que l'on trouve désopilant.
La maîtrise de soi, de son corps dans lequel l'esprit est prisonnier ... Devenir parfaite. Devenir belle. Le corps est une machine grossière, qui a des besoins primaires, des besoins bestiaux, de bas étage, inhumains, sales. J'aimerais voir mon âme, mon esprit morcelé se débattre avec fureur derrière ma peau. J'aimerais la sentir ramper dans mes veines. J'aimerais me sentir vivante.
Vivante.
Commentaire de lunastrelle (18/01/2008 22:28) :
Oui le corps a des besoins primaires...
Oui nous sommes animal quelque part...
Mais... Il faut se détacher de tout ça... Se dire qu'après tout, ce
n'est pas "sale", c'est naturel et puis...
Manger cela devient un plaisir surtout quand c'est toi qui prépare tes
petits plats... Cela peut devenir un art (oui l'art culinaire) et
après, les kilos en trop, c'est superflu... L'anorexie chez toi
est encore mentale, c'est pour ça que tu es toujours autant soucieuse
de ton poids...
D'autres "besoins" peuvent devenir un plaisir si ce n'est pas à
l'excès, et si c'est fait comme il faut...
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Commentaire de Aud* (18/01/2008 23:21) :
Je le sais bien Justine. D'ailleurs je ne t'ai toujours pas
remercié d'avoir été là. Je suis désolé de t'avoir fait du mal
dans cette histoire. Maintenant je me comprends mieux. Poser les choses à
plat, prendre du recul ... ça aide beaucoup. Et heureusement que tu
m'y as aidé.
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Commentaire de Eymeric (26/04/2008 16:12) :
C'est courageux de ta part de tenir ce blog, pour faire partager ton
expérience. De plus je le trouve très bien construit.
Merci,
http://roskangtry.over-blog.net
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Commentaire de Aud* (27/04/2008 12:39) :
Merci Eymeric ^^ Gros bisous
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